Surmonter les difficultés psychologiques liées à l’expatriation ?
Vous avez décidé de partir vivre à l’étranger, mais entre l’idée que vous vous faisiez de l’aventure et la réalité sur place, vous ne vous y retrouvez pas. Vous vous sentez perdu(e).
Que ce soit en solo, en famille, pour le travail ou pour réaliser un rêve, l’expatriation n’est jamais une expérience anodine. Elle est un vrai chamboulement de vie qui peut plus ou moins bien se passer. Faire de ce changement de vie une aventure enrichissante et épanouissante nécessite souvent d’apprendre à prendre du temps pour soi.
Voici donc quelques conseils pour surmonter et dépasser les difficultés psychologiques liées à l’expatriation.
Pour vous aider à vous sentir mieux dans votre nouvelle vie.
Accepter le choc de la réalité,
loin du mythe d’une vie idyllique
Il arrive que le doute quant à notre décision et la déception soient les premières émotions ressenties en arrivant. Que ce soit parce que le climat ne convient pas, les mœurs et codes sociaux ne correspondent pas à nos valeurs, ou simplement, parce qu’il est impossible de reproduire les activités qui donnaient du sens à notre vie, s’épanouir dans un nouveau pays peut demander du temps et un travail sur soi.
En quittant son pays, on abandonne un mode de vie et une culture qui nous sont propres et qui nous définissent. Nous perdons ainsi nos repères de la vie quotidienne et notre appartenance culturelle et sociale. Or ce sont ces repères et ce lien sociétal qui nous ancrent dans notre environnement, nous procurent réconfort et facilitent l’organisation de notre vie et celle de la famille.
A ce chamboulement, s’ajoute la perte du soutien familial et de son réseau d’amis. La distance et le décalage horaire modifient implicitement les relations entretenues et le rôle que l’on avait au sein de sa tribu. La réalité fait qu’il devient souvent difficile de maintenir le contact aussi souvent que l’on aimerait, de partager des activités ensemble comme on avait l’habitude et d’être présent pour les événements joyeux comme malheureux.
Tout cela peut nous amener à ne plus savoir où est notre place. Cependant, se focaliser sur les différences, nos pertes et nos manques ne peut que créer un sentiment de mal-être, de culpabilité et d’isolement qui freinera le processus d’intégration. Accepter que cette nouvelle vie n’est pas idyllique et qu’il faudra faire des changements est le seul moyen d’avancer.
Créez un nouveau chez-soi
Il est important d’investir un peu de temps pour s’installer chez soi et s’y sentir bien. Même si vous avez déménagé avec vos meubles, les pièces et les lumières ne seront plus les mêmes. Prenez le temps d’apprivoiser l’espace et d’y ajouter des touches de nouveauté. Avec un réseau social plus restreint, vos enfants et vous-même allez passer plus de temps chez vous au départ. Il faut donc que tout le monde y trouve son espace personnel.
De même, si vous êtes partis en famille, repensez l’espace de la maison comme cocon familial. Discutez avec vos enfants de ce qu’ils pensent de la maison et des nouvelles règles à établir. En effet, les relations familiales peuvent être modifiées sans que l’on s’en aperçoive car nos enfants subissent aussi de plein fouet ces pertes et changements. Ils chercheront comme vous à s’adapter, à compenser leurs pertes.
Vouloir à tout prix reproduire un schema familial passé ne peut engendrer que des frustrations pour eux comme pour vous. Autant repartir sur de nouvelles bases, de nouvelles règles.
Prenez le temps de faire un point sur vos besoins et attentes.
Lorsque l’on s’expatrie, il ne s’agit pas seulement de s’ajuster à un nouveau mode de vie ou de faire le deuil de sa vie antérieure. Il s’agit avant tout de faire un travail sur soi pour comprendre qui nous sommes réellement et ce à quoi nous aspirons. Loin de notre réseau amical et familial, nous perdons inévitablement le rôle et le statut social définis par notre entourage. Parce que l’expatriation met à l’épreuve notre identité, il est important de prendre son temps. Prenez du temps en arrivant pour redéfinir vos besoins et attentes. Développez une connaissance de soi. Cela vous évitera de vous engager dans des activités qui ne répondent pas ou plus à qui vous êtes.
Si vous avez accepté ce changement de vie, c’est parce que quelque chose de différent vous a attiré ou que quelque chose ne vous convenait plus. Pensez l’expatriation comme une chance, comme une occasion de vous demander qui vous voulez être et ne voulez plus être. C’est une réflexion qui se murit. Cela demande un investissement et prend du temps. Cependant cette réflexion vous permettra de trouver un nouvel équilibre, de vous retrouver et vous accomplir.
Une fois que vous aurez trouvé ce qui vous anime, vous pourrez construire votre nouveau projet. Ce projet vous permettra de vous sentir d’avantage à votre place dans ce nouveau pays.
Créez une nouvelle routine.
Que vous travaillez ou non, instaurez des points de repères pour vous sentir mieux au quotidien. Par exemple, levez-vous à heure fixe, prenez part à des activités à l’extérieur, appelez votre famille à un rythme régulier, maintenez le plus souvent possible les diners en famille… Même si la routine parait ennuyante, elle est également sécurisante et confortable. Structurez votre vie pour ensuite profiter de spontanéité et d’inattendu en brisant cette routine de temps en temps.
De même, donnez vous des objectifs réguliers pour explorer les alentours, le manque de repères se fera inévitablement sentir et le seul moyen de le dépasser est d’explorer et de porter votre regard sur d’autre façon de faire. Essayez chaque semaine de découvrir deux nouveaux lieux pour développer votre carnet d’adresse et panel d’activités. Cette connaissance de votre environnement vous apportera un sentiment de compétences dans le quotidien. En recréant vos repères, petit à petit, vous vous familiariserez avec les lieux à fréquenter et avec les coutumes locales. La vie vous semblera moins difficile. Vous sentirez ainsi plus à l’aise dans votre quotidien et avec le mode de vie de votre pays d’accueil.
Sortez de votre zone de confort pour rencontrer de nouvelles personnes et s'investir dans des activités qui font sens
Lorsque l’on arrive dans un nouveau pays, se reconstruire un cercle social peut s‘avérer plus difficile que l’on n’aurait pensé. Or se faire des amis et recréer son réseau social est primordial pour éviter l’isolement et le repli sur soi. En fonction des pays, la différence culturelle avec la population locale peut être plus ou moins déstabilisante. La peur de froisser peut alors devenir une véritable barrière à la rencontre de la population locale.
Dans un premier temps, se rapprocher des associations de français à l’étranger, des parents des amis de vos enfants et de vos collègues est toujours une bonne idée. Cela vous permettra de trouver du soutien pour échanger sur ce que vous vivez et sur les barrières culturelles. Cependant, vous risquez de vous sentir enfermés dans un microcosme, un réseau uniquement basé sur le travail ou une langue commune.
Dans un deuxième temps, n’hésitez pas à demander autour de vous des renseignements sur toutes les activités possibles. Il existe sûrement une multitude d’associations qui seraient reconnaissantes de vous avoir comme bénévole. Pensez également aux cours de langue qui vous permettront de rencontrer des étrangers de différentes cultures.
Le meilleur moyen de tisser des liens d’amitiés est de partager un intérêt commun. Engagez-vous donc dans des activités qui vous plaisent. Cherchez d’abord à vous faire plaisir et de belles découvertes et rencontres en découleront.
Finalement,
S’expatrier est une expérience de vie exceptionnelle autant pour la découverte d’une nouvelle culture et d’un nouveau pays que pour la découverte de soi.
Néanmoins, s’expatrier est un vrai bouleversement personnel, familial et professionnel. Dépasser ces bouleversements et les difficultés psychologiques en lien peut être plus ou moins facile en fonction de son vécu antérieur, de ses ressources personnelles et de ses capacités à exprimer ses émotions.
Lorsque ces difficultés réactivent des problématiques psychologiques (perte de confiance en soi, angoisse de séparation, de mort, troubles du sommeil, des conduites addictives ou alimentaires) ou des fragilités psychosomatiques (pathologie digestives ou dermatologiques), il est nécessaire de demander de l’aide pour y faire face.
Un accompagnement psychologique ponctuel peut permettre de retrouver et mobiliser des ressources personnelles pour faire face à ce changement.